Les Ateliers Libres d’Architecture
« Bucarest, une capitale bouleversée »
Atelier « De la réalité vers l’utopie : le jardin à Bucarest »
avec Che Bing Chiu
6 mai, Institut français de Bucarest
Organisateurs :
- L’Ambassade de France en Roumanie
- L’Institut français de Bucarest
Le thème :
La ville de Bucarest, pour le meilleur ou pour le pire de son histoire, s’est toujours voulue une ville moderne. Les bouleversements historiques y ont marqué l’espace urbain comme rarement, et Bucarest présente aujourd’hui un défi architectural et urbanistique unique parmi les capitales européennes. Cet état de fait, que ressentent tous les habitants de la capitale, a incité l’Ambassade de France et l’Institut français en collaboration avec les acteurs de la ville à mettre en place un cycle de rencontres avec des architectes français.
Cette série de rencontres vise les acteurs de la ville, les étudiants et les jeunes architectes sensibles aux besoins de leur capitale au XXIème siècle. Elle est également l’occasion de réfléchir sur l’avenir d’une métropole d’Europe orientale en recomposition. Il s’agit donc de renouer avec une tradition ancienne : la modernité.
Après sa conférence sur « De la réalité vers l’utopie : le jardin chinois » (5 mai, 19h30, l’Institut français de Bucarest), Che Bing Chiu, architecte, enseignant à l’ENSA Paris-La Villette, membre du Centre de Recherche sur l’Extrême-Orient de Paris-Sorbonne (Paris IV) et du Centre Ledoux (Paris I-Panthéon-Sorbonne), animera un atelier (6 mai) consacré aux jardins à Bucarest.
Les règles de participation
Éligibilité :
L’atelier est ouvert à tous les architectes, étudiants et acteurs de la ville.
La participation à l’atelier est gratuite, mais les places sont limitées à raison de 20 personnes.
Date et lieu :
L’atelier aura lieu jeudi 6 mai 2011, de 12h00 à 20h00 (avec une pause d’une heure), à Institut français de Bucarest, 77 Bd Dacia.
Langue(s) :
L’atelier se tiendra en français.
Appel aux candidats :
Thème de l’atelier
– Chaque participant pourrait imaginer son jardin et le situer dans Bucarest
Déroulement
– réflexion sur le rapport que le jardin entretient avec le texte et l’image, et de son identité par rapport à la notion patrimoniale
– en premier partie la lecture d’un ou de deux textes sur des jardins de l’Esprit (voir texte joint)
– deuxième partie – l’élaboration d’un jardin de l’Esprit, une description textuelle et/ou imagée, à Bucarest intra-muros ou proximité
Les participants devront avoir le nécessaire pour prendre des notes et rédiger (papier ou laptop), et/ou dessiner ; une carte suffisamment détaillée de la ville, avec échelle, pour localiser le cas échéant, le jardin.
Inscriptions jusqu’au dimanche 1 mai 2011 (avec votre nom, âge, adresse mail, téléphone et domaine d’activité) : [email protected]
Questions et réponses :
Vous pouvez adresser vos questions à
Institut français de Bucarest
77, Bd.Dacia
Tél : (+40) 21 316 38 36 / 37 / 38
Fax : (+40) 21 316 02 25
De la réalité à l’utopie : un jardin de l’Esprit à Bucarest
Che Bing Chiu
Lorsque le lettré en Chine invitait ses amis à une promenade dans son jardin, les promeneurs étaient après la visite, priés de consigner leurs impressions en calligraphiant poèmes et essais, qui étaient ensuite gravés dans la pierre ou rassemblés en recueils, pour transmettre à la postérité le souvenir d’un moment d’éternité.
Le Professeur Chen Congzhou (1918-2000), authentique lettré du xxe siècle, érudit épris de jardins, peintre et musicologue, a parfaitement analysé le lien indéfectible qui liait le jardin et les chroniques de visite : seule la transmission par le texte assurait la préservation de l’œuvre dans la mémoire des hommes.
Huang Zhouxin (1611-1680), zi Jiuyan, Neuf Fumées, qui ne possédait pas de jardin, surprit un jour ses amis par ces paroles : « J’ai quêté pendant des dizaines d’années avant d’accéder à mon jardin. » Ce jardin, que Neuf Fumées disait posséder, portait le nom de jardin de l’Accommodation et de la Résignation. C’était un jardin de l’Esprit, de nulle part et de partout, disponible à tout instant et en tous lieux.
Avec la fin des Ming, lorsque les jardins s’édifiaient pour mieux disparaître dans les flammes d’un règne qui s’achevait, Liu Shilong, l’Ermite-Mangeur de Neige, s’interrogeait sur la nécessité de dépenser sa fortune et épuiser son énergie pour bâtir une œuvre :
« Des splendeurs magnifiques du Val-d’Or, de la beauté sublime de la Source sereine, et de tous les jardins illustres de Luoyang, ces sites remarquables, tous étaient de premier renom de leur temps. Aujourd’hui, on ne peut retrouver le moindre pan de leurs murs écroulés, le moindre éclat de leurs tuiles brisées. Ils sont tous retournés à la non-existence. »
Son jardin portait le nom de jardin de la Non-Existence.
Un jardin doit-il avoir été physiquement créé, fabriqué, pour prétendre à l’existence ? Puisque in fine, telle « une vaste mer se changeant en un champ de mûriers », toute création retourne à la poussière : « Seul le jardin [tracé sur] de papier accède à la transmission. »
Le jardin de papier le plus célèbre de Chine est sans doute celui conçu par Cao Xueqin dans son roman Le Rêve dans le pavillon rouge. Le jardin de la Vision grandiose, Daguann yuan, tout comme le roman, intrigue et suscite études et spéculations. Pour certains, de troublants indices désignent le jardin de la Clarté parfaite, Yuanming yuan, pour modèle. Si l’appareil romanesque brouille la lecture entre réalité et fiction, la symbolique mise en place par l’auteur est claire : le jardin est le royaume de l’éphémère, il n’est que mirage, comme toute chose en ce monde est poussière.
Le temps efface toute trace de la vanité humaine.
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